Day Tripper

«Film is illusion. Please, don’t confuse it with your real life» – le film est illusion, à ne pas confondre avec votre vie réelle – est annoncé à la fin du film. Mais c’est exactement la réalité de la vie urbaine chinoise que le regard caustique de Chen Yanqi vise. L’annonce sert certainement à se protéger de la censure d’État car le film enchaîne une série impitoyable de scénettes qui insistent sur la désolation sociale où l’individu se retrouve seul à devoir faire face à un système de travail hiérarchique, bureaucratisé, exploitant. Day Tripper ne produirait qu’un crescendo dépressif si ce n’était pour la touche d’humour et surtout pour son style artificiel, avec ce mélange de théâtralité exhibée et props assumés qui caractérisent l’esthétique de Roy Andersson (ou tout simplement proposent une nouvelle interprétation de la tradition des marionnettes ?). Contrairement aux moments de transcendance existentielle présents dans les films du réalisateur suédois, il faudrait mentionner plutôt un auteur sombre comme l’Ukrainien Valentyn Vasyanovych pour rappeler que les illusions cinématographiques d’Yanqi retombent toujours, et lourdement, sur une réalité bien concrète.

Chen Yanqi | CHN 2023 | 90’ | FIFF 2024

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