Asteroid City

Il y a le cinéma qui représente voire crée l’imaginaire collectif, et il y a le cinéma qui célèbre les imaginaires collectifs du passé en tant que gloires vintages. Wes Anderson se range évidemment dans cette deuxième catégorie de cinéma, en tant que célébrateur qui n’a pas peur de faire de la surenchère. Est-ce qu’Asteroid City est quelque chose de plus qu’une pièce nostalgique assaisonnée de witz juifs, figures caricaturales, citations malines, soient-elles cinéphiles ou intellectuelles, taillées justement pour cinéphiles ou intellectuels ? Plus il alourdit sa grande machine à citations, plus nous restons à la surface des choses, des sentiments, des idées. Nous restons avec une coolness postmoderne (donc inactuelle), qui parfois me paraît plutôt coldness, car le film n’a pas de rythme, pas d’urgence dramaturgique, étant construit comme un amas de sketchs où seul le plaisir de raconter des histoires est capable de briller. Quant au geste désabusé (et encore une fois postmoderne) de réduire le cinéma à ses props et à son making-of, il est tellement réussi qu’on fait l’expérience du cinéma comme nature morte, comme ce paysage de ruines auquel le désert américain se prête si bien. Mais cette esthétisation souvent grossière du passé et du cinéma en tant que relique (court-circuit défaitiste qui serait à questionner), transforme la célébration vintage en une parade ostentatoire, face à laquelle nous nous divertissons sans vraiment nous amuser.

Wes Anderson | USA 2023 | 105’ | CH-Distribution: Universal Pictures International Switzerland
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