Die Theorie von Allem

Le plaisir « significatif » de l’anachronisme

L’ambition du titre – « la théorie du tout », ou « théorie universelle » – convient à l’ambition du film, qui se plaît à plonger dans une histoire d’espionnage, dans les années 1960, où l’enjeu n’est rien d’autre que celui de pouvoir percer le secret de la matière par une théorie universelle dont la physique quantique aurait la clé. La petite histoire du jeune Johannes dans une conférence au milieu des Alpes suisses s’étend vite à la grande Histoire des conflits entre les puissances de la guerre froide, jusqu’à l’histoire ultime d’une conspiration planétaire et à l’aventure d’un multivers qui défierait les limites de la vie humaine.

Malgré la narration, le film risque vers la fin de se dissiper dans une complexité quelque fois obscure, et son climax fantastique rend l’insistance sur les petites histoires redondante. Die Theorie von Allem continue à convaincre en tant qu’hommage passionné à une atmosphère, cette atmosphère entièrement cinématographique où la globalisation est encore vécue comme un étonnement, car elle sait garder ses mystères, ses surprises. L’esthétique passéiste d’un film qui se veut de genre contribue alors à un plaisir non seulement vintage des spectateur.ices, parce qu’au fond il s’agit d’un plaisir pour l’inouï, c’est-à-dire un plaisir (qui peut être lu également en tant que) contre le constat actuel d’une globalisation qui montre ses engrenages, ainsi que la petitesse humaine-trop-humaine qui la dirige. Die Theorie von Allem est une déclaration d’amour à un certain cinéma désormais révolu, qui pourra susciter le plaisir innocent pour le passé comme le plaisir non innocent contre un certain présent.

Timm Kröger | AT-DE-CH 2022 | 119’ | CH-Distribution: Filmcoopi
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