Yannick

Il est connu pour jongler avec l’absurde et, dans Yannick, surprises et coups de théâtre constituent même la grammaire du récit. Avec son dernier film, par contre, Quentin Dupieux ancre son principe du divertissement à une analyse du divertissement lui-même. Elle est tout sauf absurde et plutôt menée avec des intentions ouvertes de critique sociale. Cible en est la bourgeoisie et sa passivité, voire son mauvais goût – et je ne peux que saluer ce pars destruens du film comme bienvenu et, justement, divertissant.

Mais traiter de héros un ouvrier qui « doit » imposer ses droits au divertissement par la violence – symbolisée par le pistolet – et vouloir lui faire gagner les sympathies du public (au moins celui représenté dans le film) à travers des banalités à l’état pur me semblent être des gestes typiquement populistes. Yannick est un film magnifiquement composé. Dommage que derrière nos rires et sourires de critiques sociaux avertis, nous nous voyons (ou bien ne nous voyons pas) remplacer une certaine misère de la culture bourgeoise par l’anéantissement de la culture elle-même - une fuite en avant où (politiquement) le populisme de gauche se confond avec celui de l'extrême droite. C’est un rire et un sourire fort amers que Yannick et Yannick me laissent.

Quentin Dupieux | FR 2023 | 65’ | Locarno Film Festival 2023
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