Cyborg Generation

Artiste sonore, Kai s’aventure dans un projet d’implantation magnétique dans ses tempes qui lui permet de ressentir les rayons cosmiques à travers des vibrations crâniennes. Quoique son entreprise de transformation puisse sembler extrême et physique, et qu’elle paraît également se superposer à une véritable expérience de transition de genre, l’accompagnement filmique de Miguel Morillo Vega est à la fois intime et délicat. Certes, dans Cyborg Generation le portrait humaniste l’emporte sur toute une série de questions qui restent ouvertes : est-ce que l’explication des problèmes familiaux par la référence à une éducation bigote ne risque pas de « réduire » la portée de son propos cyborg à une forme d’ersatz qui en mettrait en cause la crédibilité ? Est-ce que l’isolement du propos cyborg sur le fond d’une normalité petite bourgeoise ne risque pas de rendre caricatural l’idéal libératoire du cyborg en lui faisant perdre la complexité de ses milles variantes dans lesquelles la nouvelle normalité de notre dépendance aux prothèses numériques devrait peut-être également être incluse et mise en perspective critique ? À l’époque d’Elon Musk et d’un relancement anarcho-capitaliste des utopies technologiques aux conséquences écologiquement négationnistes, ne serait-il pas nécessaire de démêler avec plus d’attention la possible alliance cyborg et queerness de toute autre forme d’asservissement technocratique ? Le film de Morillo Vega fait épreuve d’une grande sensibilité filmique et humaine face à un thème décidemment plus grand que son protagoniste et le film qui se livre à sa célébration.

Miguel Morillo Vega | ES 2024 | 63’ | Visions du Réel Nyon 2024
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