Don't Worry, He Won't Get Far on Foot

Épique rédemption

Depuis ses débuts, le cinéma de Gus Van Sant conjugue inlassablement une mise en récit exigeante avec une esthétique implacable des corps, ces derniers s’appropriant toujours l’espace au-delà du temps de l’image. En ce sens, Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot ne fait pas exception. D’abord il faut dire que le film relate la vie de John Callahan, dessinateur alcoolique et tétraplégique qui, suite à l’accident qui le paralysa, développa un talent immense pour le dessin satirique. Dans ce dernier opus, les corps et expressions sont scrutés afin d’en révéler les limites, à travers de longs plans séquences qui dépassent toute logique narrative attendue, à l’image de ces instants où John ne peut quitter sa bien-aimée Annu du regard… Bloqué dans une chaise roulante, perdu entre les démons de l’alcool et le manque de sensations physiques, le personnage parvient progressivement à s’élever au-dessus de son handicap physique, et parvient peu à peu à reconnecter corps et esprit. Cette élévation passe par le difficile pardon qu’il doit accorder à son entourage, puis à lui-même ; mais elle apparaît aussi par la découverte d’un talent, celui du dessin, qui devient alors le liant essentiel à l’unité de son être. Par leur longueur, les plans sont bouleversants de vérité ; et John découvre lentement les tréfonds de sa personnalité, au-delà de la douleur et des paradis artificiels…

 

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Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot | Film | Gus Van Sant | USA 2018 | 113’

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Screenings in the Swiss cinema theatres

First published: April 22, 2018