Wim Wenders | Anselm | Perfect Days

Difficile de ne pas se faire du plaisir avec un film comme Perfect Days : en retraite de la société, de sa compétition et de ses tensions, humble et heureux comme un ermite, Hirayama, le protagoniste du film (un excellent Koji Yakusho) célèbre les petits plaisirs solitaires du quotidien d’un travailleur dévoué. Avec lui, nous prenons des vacances loin du stress ambiant pour nous laisser bercer par les bons sentiments et par de vieilles chansons – écoutées à travers de vieilles cassettes dans une vieille voiture par un vieux monsieur qui vit dans un vieil appartement et fréquente de vieux bains publics et de vieilles buvettes… Notre plaisir est-il un plaisir coupable, coupable d’utiliser la recette trop facile de la nostalgie du bon vieux temps analogue, où la jeune génération est immanquablement perdue et finalement dépendante des valeurs d’antan ? Notre plaisir est-il un plaisir coupable, coupable d’utiliser la recette trop facile du servant heureux, modèle d’autant plus dangereux, aujourd’hui, que nos démocraties sont en train de s’effriter sous des autoritarismes de plus en plus esclavagistes ? Certes, Perfect Days est une pièce de cinéma qui fonctionne à la perfection : son minimalisme narratif fait briller les moments de rencontre, et célèbre donc un humanisme simple et concret dont le plaisir ne sera surtout pas coupable, mais bienvenu.

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Est-ce que les films monumentaux n’expriment pas toujours le sens de la faillite que leurs auteurs et leurs héros éprouvent secrètement ? Il s’agit de la seule clé de lecture intéressante, à mon avis, d’un film autrement indigeste. Anselm – Das Rauschen der Zeit montre un panorama biographique qui reste toujours à la surface des valeurs et des questions posées par le travail artistique d’Anselm Kiefer. L’usage sans retenue de la 3D et une image à la National Geographic qui veut à tout moment impressionner, insistent sur une insatiable grandiosité – où Kiefer et Wenders se rejoignent – face à laquelle le spectateur n’a pas grande chose à faire sauf regarder passivement et admirer voire adorer – Kiefer et/ou Wenders. Dans un délire d’autocélébration, la constante mise-en-scène d’« Anselm » fait de lui un pantin pathétique de son propre monde, qui est désormais dans les mains du roi Wim. Et c’est justement dans ce pathétisme que demeure l’intérêt du film, qui devient ainsi un manifeste de fragilité, fragilité qui parle en même temps pour les deux héros allemands.