Derniers jours à Shibati

Le petit Zhou Hong du quartier populaire de Shibati, à Chongqing, regardera son nouveau monde depuis la fenêtre de l’un des milliers d’appartements des HLM qui ont poussé comme des champignons à la périphérie d’une ville devenue rapidement métropole, avec 32 millions d’habitants. Le réalisateur enregistre la disparition, achevée par sa démolition, du cadre de plusieurs vies parmi les maisons délabrées de Shibati qui était peut-être insalubre mais socialement intense. Hendrick Dussolier ne choisit pas l’analyse objective de l’urbaniste, mais l’approche empathique de l’anthropologue, car sa petite caméra suit constamment les personnes du vieux quartier pendant ses derniers jours. Et il sait également assumer la présence de sa caméra, en enregistrant avant tout le contact spontané et l’échange avec une population accueillante et très communicative. Il en sort ainsi un portrait authentique, riche de nuances, d’une réalité en train de disparaître.

Le regard nostalgique de l’Européen qui risque d’idéaliser l’heureuse pauvreté en critiquant une transformation exclusivement tournée vers le futur, qui passe évidemment par la spéculation et l’accentuation des injustices sociales, se confronte également à une Chine amenée à incarner non sans bonne volonté un idéal de confort qui permet effectivement de sortir beaucoup de monde de la misère, quitte à payer le prix de la fragmentation sociale et de l’isolement. Avec la modernisation de l’urbanisme et ses conséquences sociales, Derniers jours à Shibati touche donc avec beaucoup d’efficacité une thématique qui est à la fois brûlante en Chine et également bien actuelle en Europe.

 

Info

Derniers jours à Shibati | Film | Hendrick Dussolier | FR 2017 | 60’ | FIFDH Genève 2018

Grand prix de la compétition française at Festival Cinéma du Réel 2017, Special Prize of the Jury at IDFA 2017

More Info 

First published: March 17, 2018