Temporada

Si beaucoup de films racontent la perte de l’innocence, la dernière scène de Temporada nous montre une splendide Grace Passô (seule actrice professionnelle du film) retrouver enfin son innocence, redémarrer sa vie, retrouver confiance en soi-même. L’histoire que André Novais Oliveira met à l’écran avec beaucoup de finesse et d’attention aux détails est un feel-good movie sui generis : le happy end n’arrive pas comme une solution inattendue à un drame tendu, mais plutôt comme la lente guérison d’une situation dramatique sans être tragique, où Juliana se retrouve pour la première fois à donner une impulsion autonome à sa vie, en laissant derrière elle l’inertie et la lourdeur d’un passé malheureux.

Bénéficiant d’un travail de montage excellent (Gabriel Martins) et d’un humour léger et spontané simplement irrésistible, Temporada cherche les tonalités moyennes, s’attarde sur des microévénements qui pourtant déterminent l’évolution émotionnelle de la protagoniste. Le film raconte ainsi également la lente naissance de l’amitié, si rare sur les écrans de cinéma, et devient par là un récit pluriel, avec ses personnages et ses histoires parallèles.

Oliveira ne décrit pas le Brésil des misérables, de la violence, ou des grandes fortunes et de la bourgeoisie. Il nous fait découvrir un Brésil normal, dans la région du Minas Gerais, et une humanité solidaire qui cherche à faire face aux défaillances de l’État — nous rappelant en cela le monde à la fois spécial et normal de Neon Bull, le dernier film de Gabriel Mascaro, un cinéaste de la même génération qu’Oliveira. À la fois spécial et normal : les balades routinières de ces employés qui luttent contre les moustiques porteurs de la dengue sont accompagnées par la voix d’une clarinette solo jouant la musique de Johann Sebastian Bach ou Niccolò Paganini… (GDS)

 

Info

Temporada – Long Way Home | Film | André Novais Oliveira | BRA 2018 | 113’ | Locarno Festival 2018, Cineasti del presente

More Info and Trailer 

First published: August 17, 2018