Solothurner Filmtage 2023

Here is the discussion of a selection of short films at the Solothurner Filmtage 2023 – curated by Giuseppe Di Salvatore (GDS)

In Focus

Morgane Frund is brave because she does not fear to confront her voyeur protagonist and reverse his “male gaze” in rearranging the roles of power and being the one who shoots and takes pictures of him as amateur filmmaker. In this way she is not afraid of raising difficult ethical questions about the violence of the gaze, the limits of the private and public spheres in looking at and recording images – her own images too. In a subtle editing, between questioning and self-questioning, she gets us to be aware of how there is no candid average man, merely widely accepted prejudices that actually cover highly problematic attitudes. GDS

Morgane Frund | CH 2022 | 19’ | Best Film in Programme Sparks II at the Internationale Kurzfilmtage Winterthur 2022

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Dans la surabondance d’images qui constituent notre quotidien, le geste de réalisation de Nicolas Cilins a été non seulement de sélectionner et de reformuler le déjà existant sur le net, mais surtout de partager et diffuser dans le milieu des festivals internationaux une série d’images circulant sur YouTube, provenant et destinées aux quartiers populaires de Saigon. Bien plus complexe donc qu’un film ready made, Diva est un recadrage social, à la force à la fois documentaire et poétique, un recadrage interculturel des autoportraits filmiques de Diva Cat Thy, personne queer qui a construit son personnage d’entertainment comme un street job et une forme de survie.

Sa caméra nous permet une immersion sans filtres non autochtones, aussi car, en tant que constamment entourée d’autres caméras, elle fonctionne presque comme une candid camera.

Avant les gestes de montage et l’exportation en Occident, le premier geste de Nicolas Cilins est celui de la traduction, réalisée grâce à la complicité de son ami vietnamien Dustin (Duong). Aux sous-titres habituels et nécessaires, Cilins ajoute des sur-titres qui contextualisent l’idée du film et racontent Dustin, par un contrepoint qui met en perspective et donne de la profondeur aux vidéos de Diva Cat Thy. De l’autoportrait de Diva, Diva devient un essai de portrait de cette ombre médiatrice qu’est Dustin – essai, parce que la synchronicité de sous-titres et sur-titres installe une opacité initialement fastidieuse puis heureuse, justement car représentative de la difficulté de la traduction d’un monde qu’il serait trop facile et illusoire de croire aussi accessible que les images des vidéos nous le feraient penser. Diva devient alors le drame de la médiation, en tant que réflexion sur le pouvoir de l’image en mouvement, petite monnaie d’échange dans les rues de Saigon, réflexion sur les formats populaires comme le live streaming, la reality TV, YouTube, TikTok, jusqu’à la réflexion sur les limites de la traduction et de la représentation. GDS

Nicolas Cilins | CH 2022 | 29’

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  • Elle est où Ortensia ?
  • Je ne sais pas, tu n’as qu’à chercher.
  • Je n’y arrive pas. Tu ne vois pas que je tombe ?
  • Et si tu jetais un coup d’œil en bas ?
  • Justement, il n’y a ni haut ni bas, aucun repère, pas même un sol sur lequel me fracasser.
  • Voilà qui fout le vertige.
  • Je te l’avais dit : le cinéma de Pauline Julier, c’est de la haute voltige.
  • Ce n’est pas un hasard si certains cinéastes ont commencé trapézistes.
  • Qui ? Fellini ?
  • Non, mais il aimait filmer les clowns.
  • Jonas Mekas ?
  • Oui, c’est d’ailleurs pour ça que son fragment Notes on the Circus est si beau.
  • Vraiment ?
  • Non, c’est juste pour cultiver le mythe.
  • Quel mythe ?
  • Le mythe Jonas Mekas.
  • Et Pauline Julier, trapéziste elle aussi ?
  • Rien à voir, puisque c’est une histoire de montgolfière.
  • Je ne comprends plus rien.
  • Tais-toi alors et laisse-toi chuter, c’est agréable.
  • Jusqu’où ?
  • Jusqu’à l’infini. Jusqu’à Ortensia.

Emilien Gür

Pauline Julier | CH 2021 | 16’

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Two perspectives on the same ephemeral encounter between a man and a woman, where gender clichés about middle-age are challenged by a realistic and therefore nuanced perspective. It is the apparently documentary point of view of two voice overs telling their past experience, and Benjamin Heisenberg plays with this almost flat sound layer in superposing a gorgeous painterly image layer, where two actors embody the story that is being told. The world of the image has no sound, is far away; the contrast enhances the fictional reconstruction, that is the cinematographic memory. It is up to the music layer to echo the motive of the challenged clichés, to the extent that the classical line of a known Bach prelude will be elaborated through jazz variations. Here is a new cinéma du réel, where the “real” is not chased for what it (would) be, but works as a starting point for a purely cinematic journey. GDS

Benjamin Heisenberg | CH 2022 | 23’

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This film arises out of an urgency and efficaciously points out how queer and indigenous people suffer from the same violent discrimination in Colombia. The mixture of tradition, carnival and drag aesthetic could be seen as the Latino version of Afrofuturism, if one could not recognise how this is not a utopic matter but a burning reality. The subjective perspective, the symbolic imagery and the wonderful lively wind that breathes in Jorge Cadena’s film reveals how this reality is able to be both confrontational and empathic. GDS

Jorge Cadena | CH 2022 | 15’ | Best Swiss Film at the Internationale Kurzfilmtage Winterthur 2022

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Le feu est violence et régénération, et Aurélie Oliveira Pernet joue avec le feu dans son As sacrificadas. Un problème environnemental grave qui comme souvent est le résultat violent d’une relation malsaine et brute de l’homme à la nature, joue de façon ambiguë avec le drame personnel d’une femme en quête de régénération, car suffoquée dans sa condition de femme qui se « sacrifie » pour les autres. Avec une grande sensibilité pour les détails psychologiques, le film préfère les nuances aux affirmations, les hésitations aux positions claires, en tissant ainsi un langage cinématographique fait de suspense et d’ellipses, où l’ambiguïté narrative se révèle finalement au service de la précision émotive. GDS

Aurélie Oliveira Pernet | CH 2022 | 21’

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Quelquefois le cinéma est capable de déplacer le point de vue des personnes à leur environnement. Valentina Shasivari s’allie avec Gaëtan Nicolas à la caméra et Marine Maye au son pour nous placer du point de vue de la montagne. Sa force massive s’exprime par la petitesse des femmes et des hommes à l’image et par les silences, tandis que les craquements de son écroulement signalent sa fragilité. Tout regard observateur sera ainsi accompagné par l’expérience d’être regardé : une inversion qui témoigne de la richesse de la géographie comme écriture (graphia) de la terre (geo), ici au double sens d’écriture cinématographique à propos de la terre, et écriture dont la terre, par le cinéma, serait (co-)autrice. GDS

Valentina Shasivari | CH 2022 | 18’

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Mentions

Afterimages have always been there

What happens when we are not able to catch the images? With multiple styles and techniques (we’ll never catch them), Kreyden succeeds in expressing the precise uncompletedness of leaving – or wanting to. GDS

Loïc Kreyden | CH 2022 | 4’

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What is the future of brutalist architecture? Going through the history of and caressing the current surface of ruined Campione’s Casino, Enea Zucchetti inserts his filmic reflection between documentary work and creative divertissement. The reasonable claim against a monster in the landscape still leaves room for fascination and artistic inspiration for the abstract and the dysfunctional. Not without a touch of humour. GDS

Enea Zucchetti | CH 2021 | 13’

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Is the personal chronicle of a public park a sort of life jacket in pandemic times? While the voice over flattens impressions, facts, statistics, and songs, the images of the park are simply the leisure/boredom basis for further superpositions and manipulations. Between the factual and the existential, the playful will prevail. GDS

Christoph Nüssli | CH 2021 | 15’

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La reine des renards porte la couronne parce qu’elle est la plus triste. Alors les autres renards lui offrent des lettres d’amours que les habitants de la ville étaient trop timides pour s’envoyer. Avec ce très beau conte poétique, Marina Rosset nous touche dans le cœur. Un film qui donne envie d’envoyer toutes les lettres d’amour qu’on n’a jamais osé écrire. Morgane Frund

Marina Rosset | CH 2022 | 9’

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Le film s’ouvre sur un jeu de cache-cache dans des ruines. Un groupe d’enfant cherche des restes d’imaginaires parmi les cailloux. Francesca, la plus petite, nous interpelle tout de suite par sa présence particulière. Ici, il y a très peu de mots et très peu de bruits. Pourtant, la magie opère. Face au vide des catastrophes, Nikita Merlini et son collectif nous livrent un récit minimaliste d’une immense douceur. Morgane Frund

Nikita Merlini | CH 2022 | 20’

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En tant que spectacle interdit (heureux oxymore), le Forum de Davos est un objet privilégié du cinéma. Mais Hugo Radi ne l’approche pas de face, il le fait plutôt par un regard latéral, où des détails d’image bien choisis accompagnent un texte parfois poétique, qui élargit le panorama du « grand monde » vers l’intérieur par les ressentis intimes de deux témoins dont la différence sociale (et linguistique) veut être parlante. GDS

Hugo Radi | CH 2022 | 14’

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It would be redundant to discuss a film that does not need any commentary save for the recognition of how refined and radical Gentinetta’s exploration of feelings through animation is. GDS

Claudius Gentinetta | CH 2022 | 6’

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Not really a land to return

What if the landscape is made of skin and bowels? Through procedural modelling Bienz makes of the body a self-generative and decaying cosmos for us to discover. GDS

Jonas Bienz | CH 2022 | 4’

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