Wiener Dog
[…] «Wiener Dog» s’apprécie particulièrement dans ses détails et ses situations improbables — mais si amèrement réalistes —, à travers lesquels Solondz semble viser particulièrement la famille et les relations humaines.
[…] Oui, la mort constitue le fil rouge de ce récit amusant et lucide, et donne une touche existentielle aux quatre histoires : pendant que le petit teckel risque sa mort, la mort se révèle aussi capable de secouer les personnages en les rappelant à la vie.
Text: Giuseppe Di Salvatore
Le personnage principal du dernier film de Todd Solondz est un teckel, un petit chien. Comment s’appelle-t-il ? Il change de nom au gré des caprices de ses quatre propriétaires : il lui arrive même d’être appelé “caca” ou “cancer”, car, au fond, il est le réceptacle et le spectateur (presque) muet de quatre situations humaines d’une profonde tristesse. En effet, Solondz n’a pas fait un film cynophile, le petit teckel n’est clairement qu’une occasion d’exercer encore une fois son regard “cynique” — et cette fois-ci le mot, qui a la racine grecque de “chien” en soi, tombe parfaitement à propos. Mais le cynisme de Solondz n’est jamais déprimant, car il se plaît dans l’humour, et surtout se fait souvent sarcasme, pour décrire une partie de la société américaine et de l’être humain en général.
Wiener Dog s’apprécie particulièrement dans ses détails et ses situations improbables — mais si amèrement réalistes —, à travers lesquels Solondz semble viser particulièrement la famille et les relations humaines. Les personnages du film sont fondamentalement de bonnes personnes, qui se sont perdues dans un monde extérieur hypocrite et individualiste. Dans cette polarité, les quatre propriétaires du petit teckel sont les losers, tombés très bas comme ce chien qui subit tout sans réagir et devient ainsi leur miroir.
Après un certain temps, on commence à attendre la prochaine trouvaille comique, reconnaissant ainsi une logique un peu répétitive. Mais, en dépit de cette logique, Wiener Dog sait toujours retrouver la capacité de s’élever et poser des questions philosophiques à travers ses quatre histoires : le petit Rémy interroge son père sur le sens de la volonté, de la mort, de la croyance ; Dawn et son ami sont également touchés par la question de la mort, mais aussi par celles de l’amour et de la volonté de changer, de dépasser ses propres faiblesses ; le professeur Schmerz réagit à un bilan négatif de sa vie artistique en se posant la question du compromis entre les exigences de l’art et du spectacle ; la vieille femme aveugle, à la fin de sa vie, se confronte aux regrets et aux possibilités manquées.
Oui, la mort constitue le fil rouge de ce récit amusant et lucide, et donne une touche existentielle aux quatre histoires : pendant que le petit teckel risque sa mort, la mort se révèle aussi capable de secouer les personnages en les rappelant à la vie.
This article contains a third-party video. If you would like to watch the video, please adjust your settings.