Slava - Glory
Text: Giuseppe Di Salvatore
La gloire, selon la réalisatrice bulgare, est un jeu des apparences, un effet nominal englouti dans une machine bureaucratique sans valeurs, ou plutôt déterminée par des contre-valeurs. L’intégrité naïve du héros de Slava, Tsanko Petrov, qui dénonce par devoir civique la fraude et la corruption au sein de l’entreprise étatique des transports ferroviaires, est exploitée cyniquement par l’État lui-même pour mettre en scène sa réputation de probité et couvrir un système de corruption bien installé. Entre le pauvre employé et la cheffe de la communication du ministère des Transports, Julia Staykova, prend forme une lutte inégale, donc inévitablement vouée à l’humiliation de l’homme quelconque et au triomphe des abus de pouvoir.
Mais Slava est bien plus qu’un exercice de cynisme, car son réalisme documentaire et son attention pour les détails psychologiques des protagonistes nous permettent de considérer ce panorama sociopolitique catastrophique du point de vue de l’individu et de son humanité. En effet, ce style narratif ne fera qu’augmenter le pessimisme anthropologique qui domine le film, car le grand soin apporté au développement dramaturgique se révèle entièrement orienté vers un déterminisme sans rédemption possible. Le fait que cette histoire se déploie avec un bon tempo sur une ligne toute droite constitue donc la force émotive du film, lequel pour la même raison s’avère parfois un peu prévisible.
This article contains a third-party video. If you would like to watch the video, please adjust your settings.