My Little One

Le film de Frédéric Choffat et Julie Gilbert nous plonge dans la réserve Navajo dans le désert de l’Arizona et exploite explicitement les lieux communs cinématographiques du lieu, jusqu’à créer une distance par rapport à ce qui est montré, la distance de la citation. Parmi ces lieux communs, on trouve l’hallucination, et la particulière capacité du désert à brouiller la distinction entre réalité et imagination — sujet cinématographique par excellence. Or, l’histoire racontée dans My Little One se joue entièrement entre un plan réel, où il en va du constat de la mort d’une personne aimée, et le plan imaginaire, où tout le processus du deuil, les souvenirs du passé, les responsabilités envers l’avenir, la confrontation avec le lieu, les autres et soi-même, sont une matière émotive qui prend forme dans une narration parallèle. Une grande partie de l’histoire de ce film n’est rien d’autre que la matérialisation narrative du drame intérieur de ses protagonistes, où spiritualité et sensualité se mélangent parfaitement.

Ce dispositif est une idée brillante et passionnante mais il devient parfois un mécanisme lourd, car il finit par transposer les scènes sur le plan de ce qu’elles veulent dire. Le registre du vouloir dire et de la signification risque alors d’étouffer ce qui est simplement montré : le conte métaphorique l’emporte en créant une distance par rapport à l’action — à laquelle les deux réalisateurs donnent pourtant une certaine importance. Pour balancer cette difficulté de la dramaturgie, il y a une photographie puissante et séduisante (Pietro Zuercher), et surtout une belle performance des quatre acteurs protagonistes, notamment les deux rôles masculins (splendidement interprétés par Mathieu Demy et Vincent Bonillo), de loin plus complexes et nuancés que les deux figures féminines.

Info

My Little One | Film | Frédéric Choffat, Julie Gilbert | CH 2019 | 101’ | Solothurner Filmtage 2019

More Info and Trailer 

Screenings in Swiss cinema theatres 

First published: March 02, 2019