Mutzenbacher

Brillant film à dispositif, où l’intelligence du setting se marie à un esprit provocateur que je trouve bienvenu à l’époque de la paranoïa sociétale et du politically correct. Non sans une rudesse ironique toute viennoise, Ruth Beckermann propose à son casting d’hommes – et à nous-mêmes – de faire l’expérience de la lecture d’un texte dont la force est l’ambiguïté d’un assujettissement volontaire. Le pouvoir de libération de toute relation de pouvoir, qui serait propre au livre « de » mademoiselle Mutzenbacher (si l’on veut croire à la légende), contraste radicalement avec un dispositif filmique qui, par contre, se plait à célébrer la relation de pouvoir. Car celle-ci se trouve, sans ambiguïté ni remise en question, exclusivement dans les mains de la réalisatrice, véritable domina face à ses hommes soumis. Voilà une contradiction qui mériterait d’être discutée davantage que les récits de mademoiselle Mutzenbacher, dont le scandale – à quelques exceptions près – ne révèle que le moralisme des lecteurs et lectrices.