L’îlot | Tizian Büchi

Une œuvre de géographie au sens le plus large et le plus noble, où Tizian Büchi enquête sur un territoire qui réunit nature et société. Nous découvrons un quartier de Lausanne multiethnique donc typiquement suisse, à travers les yeux de deux vigiles, synthèse d’une société à la fois obsédée par le contrôle et la peur, et ouverte à l’attention pour l’autre et l’entraide. De cette façon, L’îlot mélange harmoniquement plusieurs thèmes : de la migration à la ghettoïsation, du rapport entre urbanité et nature à la société de surveillance, dont on apprécie la découverte de l’ambivalence avec une socialité de la vigilance.

Le style cinématographiquement épuré et délibérément modeste de Büchi peut se lire comme l’expression d’une conscience artistique (et politique ?) où le minimalisme parle d’une génération qui renouvelle son esprit d’indépendance. Les éléments non dissimulés de mise-en-scène introduisent un décalage qui est capable d’ouvrir l’observation documentaire à la contemplation. Quelques fois timide dans les transitions entre moments de témoignages documentaires et explorations cinématographiques, L’îlot cherche dans les fragments du réel une organicité utopique.