La Grand-Messe

Nous sommes au cœur de la route du Tour de France, au Col d’Izoard, derniers kilomètres avant le col : le sport, ici, a depuis longtemps laissé la place au spectacle, le spectacle à la mythologie. Et il ne s’agit ni (vraiment) de sport ni (seulement) de spectacle dans le documentaire du duo Méryl Fortunat-Rossi et Valéry Rosier, mais plutôt de « voir » le mythe de l’intérieur. Est-ce possible ? La musique d’Antonio Vivaldi puis de Georg Friedrich Haendel cherche à élever le récit à un niveau transcendant. Mais elle est combinée à l’accordéon de l’un des quelques personnages dépeints dans La Grand-Messe — tous ayant dépassé les 70 ans… —, ce qui détermine la tonalité plutôt amusée, voire comique, qui caractérisera tout le récit du film.

Et pourtant, du fond de la « normalité » de la classe ouvrière, il s’agit justement de viser, d’aspirer, de s’accrocher à une mythologie de la France faite de gloire, ritualiste, pleine de certitudes. À travers les yeux de ces bonnes gens sympathiques, les gendarmes semblent bien l’emporter sur les champions sportifs.

Mais la composition du film magnifiquement monté (Julie Naas) de Fortunat-Rossi & Rosier se montre surtout complaisante envers l’humanité et la simplicité de ces fidèles du Tour. Tous animés par la bonne humeur et la solidarité des vacanciers, ils apparaissent heureusement bien différents des plus jeunes exaltés et souvent exhibitionnistes, lesquels tendent à ruiner une manifestation déjà largement soumise aux règles du spectacle télévisé. Par ce portrait de la vieille génération française, La Grand-Messe jette un regard réaliste sur la France et surtout sur son histoire. Un gai hommage aux bons temps passés.

  

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La Grand-Messe | Film | FR 2018 | 70’ | Méryl Fortunat-Rossi, Valéry Rosier | My French Film Festival

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First published: February 04, 2020