Festival Entrevues Belfort 2024 | Café critique

Plein de fils relient ces trois films à la forte signature artistique. La protagoniste d’Invention de Courtney Stephens – jouée par la co-scénariste Callie Hernandez – est orpheline, comme le sont les frères et sœurs de Softshell de Jinho Myung. C’est l’occasion d’explorer deux héritages « américains » assez différents, qui réinterrogent les clichés – mais également la critique de ces clichés – du rêve américain, celui de l’optimisme à tout prix ou celui d’une intégration multiculturelle. Dans la Floride d’Alexandra Simpson de No Sleep Till, nous explorons également un panorama social très américain, quoique souvent aux marges. Face à la menace d’un ouragan, les personnages dont le film fait le portrait peuvent s’accrocher à la possibilité d’un changement exceptionnel, qui les confronte en réalité à leur solitude existentielle. L’accent sur l’intériorité des personnages est un trait commun des trois films. Par ce biais, ceux-ci réussissent à exprimer le frottement avec le monde extérieur de façon fort sensible, voire sensuelle. L’esthétique d’une image analogue (Invention et Softshell) ou haute en couleur (No Sleep Till) permet de communiquer cette sensualité visuelle, très photographique. Ces trois voyages filmiques dessinent un parcours narratif qui sait profiter de la non-linéarité et des ellipses, célébrant ainsi le cinéma à son meilleur. De quoi garder un espoir lumineux pour un pays qui en train de vivre l’un des moments les plus sombres de son histoire.

Öykü Sofuoglu, Giuseppe Di Salvatore et Nicolas Bézard discutent de cela et de plusieurs autres aspects et thèmes dans le Café critique à écouter en podcast ici.