El visitante

Humberto a une vague ressemblance avec Luciano Pavarotti et son chant lyrique est vaguement opératique lors d’un petit travail « spécialisé » aux funérailles d’une communauté évangéliste bolivienne. Derrière cette figure de bricoleur de la vie, résilient contre les adversités mais semblant porter en soi un destin tragique comme dans un Rigoletto ou une Bohème, Martin Boulocq fait le portrait de Cochabamba, ville entièrement engloutie et figée dans les rituels d’une religion qui infantilise, asservit et fanatise un peuple duquel tout esprit critique émerge nécessairement comme un geste de révolte. Le lourd passé d’une histoire familiale qui ne sera jamais entièrement révélée et le présent d’une société sans marges de manœuvre pour s’émanciper pèsent sur un film au rythme hiératique. Tout de même, la convaincante performance des acteurs et surtout les cadres magnifiques, entre beauté esthétique et soin symbolique des détails, permettent à El visitante de plaire, et ainsi de rendre indélébile son atmosphère d’impasse et sa critique sociétale.