Birds Are Singing in Kigali

Le dernier film de Joanna Kos-Krauze et Krzysztof Krauze (décédé pendant le tournage du film en 2014) nous fait remonter à l’infernal été du 1994 au Rwanda et au génocide par la porte inattendue d’une ornithologue polonaise et de sa relation avec la jeune fille de son collègue rwandais, laquelle se sauve en Pologne. L’axe Rwanda-Pologne également est inattendu, mais à bien y réfléchir il se justifie d’un côté par le traumatisme des massacres collectifs, qui nous fait donc remonter jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, et de l’autre par la question des réfugiés, qui nous projette dans l’actualité européenne. Même si l’histoire racontée dans Birds Are Singing in Kigali est fort particulière, dans l’espace et dans le temps, son rayon d’action va largement au-delà, en touchant une universalité historique et contemporaine à la fois — et en embrassant ainsi les biographies des deux metteurs en scène polonais.

Le développement de l’histoire souffre quelquefois de deux caractères excessivement dramatisés, d’autant plus que le travail de la caméra (Krzysztof Ptak, Józefina Gocman, Wojciech Staroń) fait preuve d’une exceptionnelle intelligence et d’une grande intensité. C’est justement grâce à ce tissu visuel solide que les moments d’hésitation, de lenteur, d’ouverture dans la dramaturgie du film constituent finalement les moments les plus réussis, à mes yeux. Ces moments, intercalés parmi les scènes d’action dans une architecture de montage atypique et stimulante (Katarzyna Lesniak), permettent d’illuminer la complexité des différents thèmes approchés dans Birds Are Singing in Kigali : thèmes sociaux comme celui de l’identité des réfugiés, psychologiques comme celui des conséquences des traumatismes de guerre, politiques comme celui du colonialisme.


Info

Birds Are Singing in Kigali | Film | Joanna Kos-Krauze, Krzysztof Krauze | PL 2017 | 113’ | Bildrausch Filmfest Basel 2018

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First published: June 02, 2018