The Room Next Door
La mort comme mise en scène
Dans The Room Next Door de Pedro Almodovar, récit des dernières semaines d’une femme en proie à un cancer qui choisit de mettre fin à ses jours en compagnie d’une amie de longue date, la mise en scène l’emporte sur la mort. Durant plus de la moitié du film, le personnage incarné par Tilda Swinton prépare avec minutie ses derniers instants, orchestrés dans une luxueuse villa de campagne aussi coupée du monde que l’est le cinéma d’Almodovar. Dans cette célébration des classes aisées, le réalisateur promène son regard complaisant sur le goût et les préoccupations d’une poignée d’intellectuel·les new yorkais·es, occupé·es à mourir sur des divans immaculés et à exaucer leurs derniers souhaits (revoir The Dead de John Huston), totalement centré·es sur eux·elles-mêmes mais tout de même préoccupé·es par le réchauffement climatique et la montée des populismes d’extrême droite (quand même…). Il faut admettre qu’il est plus agréable de trépasser sur une chaise longue en terrasse que dans un logement social… Alors que la mort devient matière à une story Instagram, elle prend paradoxalement sa revanche sur la mise en scène : auto-référentielle, figée, inerte. La vie a depuis longtemps déserté ce cinéma-là.
The Room Next Door – La habitacion de al lado | Film | Pedro Almodovar | ES 2024 | 110’ | CH-Distribution: Pathé Films
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Screenings in Swiss cinema theatres
Text: Emilien Gür