Explore by #PM Cicchetti
Stone Turtle
Screenings at the festival Black Movie Genève 2023
Ghosts can take many forms: the dead, whose voiceless images remain like shards, at the margins of everyday life, those whose life was always just memory: figments of remote past, of the screen; figures of the myth. The invisible among us, those whose pain and loneliness we choose to unsee. In Woo Ming Jin’s Stone Turtle all these ghosts seem to gather together on the titular island, under the premise, as one character notes at one point, that they’d «rather be alive on an island of ghosts, than dead in the land of the living». The temporality of revenge – climactic, culminational, resolutive – blends here with the cyclical, open-ended time of old folk legends. Structurally, the gamble is ambitious but it works, against all odds, leading to a dark, fairy-tale version of Groundhog Day. Thematically perhaps Stone Turtle reaches a little too far: Woo’s attempt to align feminist and migrant struggles with mythic materials past and present (from Malaysian lore to Marvel comics) seems at times strained, though certainly in vogue (cue Apichatpong Weerasethakul, though an even better example might be Suwichakornpong’s Krabi, 2562). Stylistically however its rather unique strain of magical realism pays off, thanks mostly to Asmara Abigail’s intense yet oddly removed performance. Echoes of Angela Carter’s Bloody Chamber run through the plot as bursts of (gendered) violence and moments of documentary-style observation mix with Ghibli-esque animation by Paul Williams. A film to watch twice because only the second viewing makes it clear that the ultimate turtle island is cinema itself: a strange, deceptively close land, populated by figures forever caught between life and death.
Stone Turtle | Film | Woo Ming Jin | MAL-IND 2022 | 91’ | Black Movie Genève 2023
Garçonnières
Screenings in Swiss cinema theatres and at the Solothurner Filmtage 2023
Enquête sur la masculinité comme espace autre, Garçonnières est avant tout un exercice d’(auto)ethnographie : la réalisatrice et anthropologue Céline Pernet approche, grâce à la caméra, des espaces et des dynamiques sociales desquels elle dit s’être longtemps sentie exclue. Elle porte un regard ouvert, générationnel, disposé au contrepoint ironique, tout en restant à l’écart des clichés de la comédie de genre. L’élan (il s’agit de l’élément qui m’a le plus frappé dans le film) est celui du désir. Désir de comprendre, justement, mais également désir tout court : la fascination érotique (féminine !) devient volonté de découverte. Il en résulte une série d’entretiens tournés dans des espaces domestiques, au cours desquels la réalisatrice propose à ses sujets d’aborder des thèmes tels que le rapport au corps, au sexe, à la paternité et aux applications de rencontre. Un montage ample et souvent dialogique lie les conversations en un chœur profondément humain, ponctué de vignettes qui dépeignent (avec une certaine tendresse) des espaces conventionnellement masculins, ainsi que des extraits de films de famille de la réalisatrice, qui en parallèle aux entretiens suit ainsi une subtile piste autobiographie. On y sent un écho lointain du cinéma-vérité de Rouch et Morin : avant tout dans les ondulations continues du discours, lorsque les sujets interviewés reconnaissent, tantôt en les rejetant, tantôt en arrondissant les angles, des éléments patriarcaux ou de critique féministe dans leurs propres paroles. De petites touches de réflexion idéologique (pour qui les cherche) dans un film qui reste au fond un geste personnel d’ouverture humaine et de partage.
Garçonnières | Film | Céline Pernet | CH 2022 | 80’ | Visions du Réel Nyon 2022, Solothurner Filmtage 2023