Short Films | Visions du réel

The films one can discover at Visions du réel largely suit the specific interest of Filmexplorer. In Nyon, we renovate the pleasure of expanding our experience through visions that sometime dare to be experimental and visionary. Here is a selection of short films that captured our attention.

Chronique d’un territoire

Valentin Merz | CH 2016 | 23’ | Production HEAD Genève

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Qui sait si ce n’est pas justement à Visions du réel que le jeune Valentin Merz a connu Pierre-Yves Vandeweerd, lequel y avait tenu une splendide masterclass en 2014 ? Dans tous les cas, c’est à travers Vandeweerd que Merz accède à la Lozère, région sauvage de la France qui a préservé des traditions anciennes et une nature relativement peu agressée par l’homme. Mais justement, la thématique écologique constitue un des fils rouges de cet essai cinématographique au discours polyphonique, le principal étant celui de la disparition. Chronique d’un territoire devient donc la chronique non narrative de la disparition d’un territoire — d’où l’urgence de l’image filmique, témoin engagé d’un nouveau territoire de mémoires. Et ce sont justement les aspects spécifiquement filmiques qui étonnent par leur grande maturité. Merz juxtapose d’une façon non linéaire — qui rappelle plus d’une fois certaines compositions godardiennes — un discours subjectif, construit sur des affirmations-citations musicales, télévisées ou filmiques, et un discours objectif, fait de descriptions froides de la géographie et de l’histoire de la Lozère. L’usage habile des répétitions, des silences, voire de l’écran noir, rythme une chronique qui par une voie personnelle nous fait atteindre la vérité du réel. Chronique d’un territoire nous démontre d’une façon paradigmatique la vérité peut-être paradoxale, mais jamais contradictoire, de l’expression “visions du réel”, et peut ainsi mener à bien la tâche de raconter un territoire en touchant son genius loci. Et du territoire de la Lozère, Valentin Merz semble faire un exemple plus ample de la disparition de la terre et des racines en général, de la disparition de la géographie, et de son expression par les langues. Car, prenant une tournure inattendue, le voice over passe du français à la langue maternelle de l’auteur, le suisse alémanique, dans un geste de résistance et de recherche en même temps. Rechercher et résister, voilà peut-être la tâche du film face à la disparition.


Rumba - Waterfall

Laila Pakalnina | LTU 2015 | 20’

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The Lithuanian filmmaker returns to Nyon with a new documentary that continues to investigate her country and its inhabitants through a specific tourist attraction, Rumba’s Waterfall, which constitutes a social phenomenon at the same time. Through Pakalnina’s typically objective and humorous glance, we only observe normal people visiting or bathing at the waterfall. She did not have to ask permission to film them, as, in this place, one actually baths in an ocean of photo- and video-making. Pakalnina follows this immersion in selfies and portraits, delivering a film made from a mixture of reproduced reproductions and the strong natural element of water falling and roaring. The constant use of zoom flattens the people in the images, thus incorporating them in the flat horizontal dimension of this waterfall, the largest of Europe. After Snow, Pakalnina seems to continue to mock the fascination of Lithuaninas for verticality. Once again, through this “democratic” gesture of placing all people on the same horizontal line, she uses just the right distance at which we can feel the equality of the human beings. And this impression is reinforced by the choice of allowing the roaring water to be the only sound of the film. An almost existential mood veils our amused observation of the little scenes. The people seem to be more pleased in taking pictures and showing off than they are impressed by the natural attraction; almost all in the very same poses, the images are organized by type through the editing. Rumba is a very simple film, but also the result of a genial idea, and is finally able to touch on big questions like tourism, equality, the marvel towards nature, and the meaning of creating pictures.


Diagonale du vide

Guillaume Ballandras | FR 2016 | 27’

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Guillaume Ballandras suit dans son étude filmique ce qu’on appelle péjorativement “la diagonale du vide” en France : c’est une expression qu’apparemment on retrouve dans de vieux manuels de géographie centrés sur ce qu’on nomme la géographie humaine, qui privilégie les concentrations urbaines et les activités productives. Le regard sur ces régions françaises du nord-est au sud-ouest réécrit une géographie justement humaine, où ses figures — en partie fictionnalisées — sont perdues dans le vide d’usines désaffectées, dans l’homogénéité des maisons de brique, dans les horizons vastes de la campagne. L’homme retrouve ici sa capacité d’apparaître, sa présence. Il ne s’agit donc pas de la réhabilitation d’un territoire, à travers son éventuelle revalorisation historique ou naturaliste, mais d’un regard presque vierge, sans préjugé, et sans prétention de connaissance. Par ailleurs, ce sont tout simplement la route et les autoroutes qui sont le principal paysage de ce road movie avec si peu de mouvement — un choix donc fidèle à la perception de la surface du réel dont chacun peut à tout moment faire l’expérience. Or, ce n’est pas la dénonciation ou l’empathie pour ce non-lieu de passage qui caractérise le discours de Diagonale du vide, mais plutôt la recherche d’une construction personnelle du regard, la naissance d’une vision : la magnifique bande-son et les belles idées de jeu avec les cadres sont certainement les aspects qui marquent le plus dans ce film. Il faut peut-être du vide pour retrouver l’élan créateur, ou tout simplement pour retrouver sa propre vision.


Un cuento de amor, locura y muerte

CHL-DE 2015 | Mijael Bustos | 22’

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How can one combine topics like mental illness, familiar love, and the hard confrontation with death in a short documentary film? Mijael Bustos dared to do all of this while filming his own family, with a delicate touch, letting the tragic strength of the plot work on us. The title sounds like a Chavelas Vargas’ song – even if it is similar to Horacio Quiroga’s collection of tales (1917) – and it actually reproduces precisely the same mixture of simplicity and tragedy that connotes Vargas’ style. A rare mixture to find in a documentary, and a mixture that allows Bustos to approach his own personal drama without speculation, that enables him to find the precious marriage between the curiosity of the documenting camera and the dignity of the documented person. Un cuento de amor, locura y muerte is not an experimental film, but is a convincing one because of its rightness and simple poetry.